Plus qu’une simple visite, le musée Spi-K-Tri street-art universe propose une plongée en eaux troubles dans l’univers atypique d’un artiste qui ne l’est pas moins (voire davantage). Une oeuvre totale bâtie dans une ancienne cave coopérative de 14 000 m2, soit trois bâtiments renfermant plus de 3000 oeuvres entièrement conçues à partir d’éléments recyclés pour un parcours immersif dans l’imagination foisonnante de Spi-K-Tri, alias François Hamel.
« L’idée, c’est d’être en immersion dans l’oeuvre, je ne voulais pas faire un musée conventionnel », dit-il. Pour entraîner les visiteurs dans son monde, ou plutôt son multivers foisonnant d’univers parallèles, et leur faire comprendre sa démarche, il a élaboré un parcours calqué sur la trame d’un jeu vidéo à la sauce post-apocalyptique : la Terre, noyée dans la pollution, vit ses dernières heures. Un couple doit partir à la recherche d’un endroit habitable dans le cosmos. Ils traverseront, au cours de leur périple, dix-huit planètes avant de trouver le Graal : Spiktrium.
Dix-planètes thématiques
« J’ai peuplé chacune des planètes avec mes sculptures selon un thème », explique-t-il. Les visiteurs voyagent ainsi au grès des envies et de l’imagination de l’artiste sur les planètes Skullerium, Graffitium, Cybertrium, Fucktrium… Autant d’univers peuplés de créatures étranges coupées dans la carrosserie de vieilles bagnoles, composées de chutes de métal et de matières en tout genre glanées dans les casses et les déchetteries. Des création bigarrées inspirées des univers steampunks façon Borderlands, Fallout ou encore Mad Max. Au total, plus de 3 000 sculptures et aussi 200 graffitis, dont la moitiée réalisé par son pote Azba. « On est en train de voir avec le Guiness Book car on est le plus grand musée du monde avec le plus grand nombre de sculptures réalisées à partir de matières recyclées. » Un item des plus précis.
« Vos déchets créent mon monde »
L’artiste autodidacte et touche à tout de 53 ans tague, peint, travaille le métal et le béton composite, en puisant autant dans son crâne que dans les poubelles pour trouver l’inspiration. « Vos déchets créent mon monde » est d’ailleurs son slogan. Un univers sans fin que Spi-K-Tri décline sur divers supports : ce musée dans un premier temps mais également un site grouillant de déclinaisons science-fictionnelles de ce monde entre ferraille et cosmos ou dans des expositions ici et là. Il explique une de ses oeuvres :
« Cet été, j’expose à l’abbaye de Fontfroide du 29 juin à fin septembre [environ 50 000 visiteurs en été]. Ils m’ont proposé un ticket commun », sourit François Hamel. L’infatigable tordeur de métal caresse même l’ambition de créer un métavers pour punaiser dans le cloud ses rêves d’ailleurs imaginaires, et de produire des NFT, ces oeuvres d’art numériques. « J’ai aussi créé une route qui s’appelle « la Route de l’Eggstravagance » : je cache un oeuf tous les mois dans un lieu soit atypique, soit gastronomique. J’ai commencé par l’abbaye de Fontfroide, puis le domaine de la Source et j’ai aussi décroché la réserve africaine de Sigean… », dit-il avec un enthousiasme communicatif.
« Je suis un virus »
D’ici là, il invite les adorateurs de l’étrange à venir visiter son antre – ils ont été 8 500 à le faire en 2023, un chiffre en constante augmentation depuis l’ouverture en juin 2021 – pour la Nuit européenne des musées, ce samedi 18 mai (demi-tarif de 18 h à 22 h et food-truck). Il lance aussi l’invitation pour son exposition à l’abbaye de Fontfroide, à partir du 29 juin. « Il va y avoir plus de 120 oeuvres, des peintures, des sculptures, il va y en avoir de partout. Ils m’ont laissé carte blanche. Et moi, je me répands comme un virus », conclut-il avec le sourire.
Cyril Durand
Spi-K-Tri street art universe, 25, avenue des Vignerons à Ferrals-les-Corbières. Ouvert tous les jours jusqu’au 3 novembre 2024 de 10 h à 19 h. Prévoir 2 h 30 de visite, dernières entrées à 16 h. Tarifs : de 3 € à 18 € selon la formule. Contact : tél. 04 68 90 76 01 ; email : contact@spiktri.com.