On parle beaucoup de Napoléon depuis quelques semaines, en raison de la sortie du film à grand spectacle réalisé par Ridley Scott. Voilà de quoi ranimer les souvenirs de ce féru d’histoire qu’est le Carcassonnais Alain Pignon. Pourquoi ? Parce qu’il y a quelques années, en 2011 exactement, il a découvert une longue vue ayant appartenu à l’Empereur et remisée dans la réserve du Musée des Beaux Arts de Carcassonne.
D’où vous vient cette passion pour l’histoire ?
Grâce à mon père, qui m’a fait lire des livres sur l’histoire dans ma jeunesse. Plus tard, j’ai exercé la profession de maitre d’hôtel au restaurant « Le Train Bleu », situé à la gare de Lyon. Un lieu historique emblématique de Paris. Depuis 20 ans, aussi, grâce à « l’Association des amis de la Ville et de la Cité de Carcassonne », fondée en 1927, dont je suis le vice-président, qui défend et fait connaitre le patrimoine et l’histoire de la ville autours d’historiens et d’érudits locaux.
Il y a pour vous cette notion de territoire…
Après avoir été le manager du centre-ville de Carcassonne de 2013 à 2020, je travaille, depuis, au service de la Ville de Bram et la Communauté des communes Piège-Lauragais-Malepère. Je me suis naturellement penché sur l’histoire de ce territoire où j’ai pu participer à la mise en œuvre d’un chemin du patrimoine historique et organiser une visite autour de la famille (éteinte) des « de Lordat » et de son château.
J’ai également redécouvert, en début d’année, la tombe oubliée, dans le cimetière de Bram, de l’ancien (entre-autres) Président du conseil des ministres, Albert Sarraut (1872-1962), qui est certainement l’une des plus grandes personnalités politiques de l’Aude.
Pour les Carcassonnais, vous êtes une référence avec votre blog !
« Chroniques de Carcassonne », est un blog qui exista de 2008 à 2018. Il fut créé à l’origine pour faire connaitre la petite et la grande histoire de Carcassonne, ville où je réside depuis 1995.
Vouez-vous une réelle passion pour Napoléon ? Et pourquoi ?
Non, simplement un intérêt, dû à ma découverte de la longue-vue.
« Utilisée par l’Empereur sur le brick L’Inconstant »
Comment donc avez-vous mis la main sur la longue vue appartenant à Napoléon ?
Grâce à la lecture d’une biographie, publiée en 1929, du baron Guillaume Peyrusse (1776-1860), trésorier général de la Couronne en 1815 sous Napoléon 1er, et plus tard maire de Carcassonne de 1832 à 1835. Elle indiquait que le Musée des Beaux-Arts possédait cette longue-vue.
Est-on assuré de la véracité de l’appartenance ?
Oui, le Baron Peyrusse, qui en avait fait don au Musée des Beaux-Arts, décrit dans ses mémoires l’utilisation de la longue-vue par l’Empereur sur le brick « L’Inconstant » au retour de l’île d’Elbe en 1815. Elle est de facture anglaise car elle avait été offerte à Peyrusse par Thomas Ussher, le capitaine de la frégate « L’Inébranlable », qui conduisit Napoléon à l’île d’Elbe à l’aller.
Qu’a-t-elle de particulier ?
Rien, si ce n’est d’avoir été utilisée par Napoléon 1er
Comment expliquer qu’elle était remisée tel un objet sans valeur ?
Le Musée des beaux-arts a été fermé et désorganisé pendant la guerre. On avait perdu son histoire, mais conservé la longue-vue sur une étagère.
Où peut-on l’admirer désormais ?
Dans une vitrine du Musée des beaux-arts située dans la salle consacrée aux souvenirs de la Révolution française et de l’Empire.
Etes-vous allé voir Napoléon de Ridley Scott ?
Non, je n’y suis pas allé.
Un célèbre poignard aussi
Le musée des Beaux-Arts de Carcassonne expose également le poignard de Soleyman el-Halaby, avec lequel il a assassiné le général Jean-Baptiste Kleber, le 14 juin 1800 au Caire en Égypte. Le militaire français s’est illustré lors des guerres de la Révolution française, notamment lors de la guerre de Vendée et la campagne d’Égypte. L’assassin a été condamné, par le conseil de guerre français, à avoir les poings brûlés puis à être empalé vif.