Lumière sur : Louis Madaule, président de la CCI de l’Aude

access_time Publié le 18/12/2023.

Louis Madaule n’est pas de ceux qui aiment trop parler d’eux-mêmes. Digne successeur d’une lignée d’entrepreneurs à succès, le nom des Madaule s’est inscrit dans le paysage audois. Ainsi, le président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie de l’Aude s’est livré pendant plus d’une heure, notamment sur son action en faveur d’un département qu’il aime tant.

Louis Madaule, nous allons reprendre le fil de votre vie, quand et où êtes-vous né ?

Je suis né en 1962, à Narbonne.

Pouvez-vous retracer votre parcours ? Notamment votre cursus scolaire/professionnel ?

Alors il faut savoir que je n’ai pas un parcours classique. Dans le sens où je suis quelqu’un d’autodidacte. J’ai appris en dehors du système éducatif. Je me suis notamment formé au sein de l’entreprise familiale (Madaule, spécialisée dans l’électricité et l’équipement électrique, ndlr) sur Paris. En 2014, quand j’ai vendu mon entreprise, je me suis lancé dans une formation pour apprendre tous les rouages financiers.

J’ai eu comme professeur Philippe Dessertine entre autres. J’ai ressenti le besoin d’assimiler les « finesses techniques » du milieu de la finance pour d’autres projets. Malheureusement, je n’ai pas pu finaliser ce parcours car une partie de l’épreuve était une soutenance en anglais, et ça c’était bien trop difficile pour moi (rires).

Ah oui, j’ai aussi effectué mon service militaire en 1982, dans l’infanterie au service électricité, puis j’ai rejoint l’entreprise familiale en 1990. En 1991, on crée le groupe JD2M avec trois associés Luc Jeanet, Olivier Mathieu et Jean-Marc Dedieu. Entretemps, j’ai été juge aux prud’hommes de 1989 à 1995, président du centre des jeunes dirigeants d’entreprise une année en 1988, membre du bureau de la Fédération départementale du bâtiment de 1988-1995.

Je me suis engagé en tant que président du Racing Club Narbonne de 2011 à 2013. Je suis aussi devenu membre du conseil de surveillance de la Caisse d’Épargne où j’exerce en temps que vice-président depuis 2013. J’ai acquis pas mal d’expérience comme vous pouvez le voir et je continue d’apprendre.

Le nom des Madaule en tant que société remonte à il y a près d’un siècle, vous avez longtemps perpétué cette tradition.

Effectivement, c’est mon arrière-grand père en 1924 qui avait créé le groupe Madaule. C’était à l’époque une entreprise pour faire le rembobinage des alternateurs des voitures. Depuis le groupe s’est diversifié, notamment Madaule Et Fils spécialisée dans les travaux électriques d’installation, de rénovation et de maintenance dans le bâtiment tertiaire, Sne Madaule spécialisée dans les travaux de réseaux et de VRD (voiries et réseaux divers, ndlr), Madaule Automaton spécialisée dans le process industriel et automatisme filiale de Sne Madaule, Madaule Energie spécialisée dans le raccordement de centrales solaires photovoltaïques.

J’ai ensuite géré la société jusqu’à sa vente en 2014 au groupe SPIE. Nous étions à un virage. Il fallait faire rentrer des groupes nationaux dans le capital.

Cela a-t-il été un crève-cœur de vendre l’entreprise familiale ?

Comme je l’ai dit, nous étions à un tournant. Il était nécessaire de faire rentrer des entreprises dans le groupe et de trouver des collaborateurs importants. C’était un accord gagnant/gagnant dans tous les cas, dans l’intérêt de tout le monde. Puis il fallait appréhender l’avenir.

Puis vous faites votre entrée au sein de la CCI de l’Aude.

Techniquement, j’y étais depuis 1995 avec l’élection de Marc Ménétrier à la présidence. J’y ai été notamment vice-président chargé du port de Port-La Nouvelle. J’y ai beaucoup appris avec Léon Pujau, un sacré personnage ! J’ai pris la mesure du fonctionnement d’une chambre de commerce, avec la vision stratégique portée par les élus et les équipes.

Votre grand-père était maire de Narbonne de 1948 à 1958, il a notamment créé la station de Narbonne-Plage, avez-vous déjà été tenté par la politique ?

Je suis passionné uniquement par le monde entrepreneurial, l’économie et ma région. Le monde politique en revanche, ce n’est pas le cas. Evidemment, on travaille main dans la main avec les élus en tant que facilitateurs de projets, mais personnellement ça ne m’attire pas du tout. J’aime maîtriser ce que je fais, en politique je n’aurais pas cette impression. C’est important que chacun reste à sa place même si nous avons un but commun : la défense de l’activité économique du département et de la région.

Concernant mon grand-père, c’était simplement un visionnaire. On sort à peine de la guerre, lui a l’idée non pas uniquement de reconstruire mais aussi de construire. Il a eu l’idée de développer le littoral pour en faire un fleuron du tourisme et des loisirs. Il a permis la création de nombreuses colonies de vacances comme le Picou par exemple. C’était un avant-gardiste. Puis un jour son cœur a lâché tout d’un coup, il n’avait pas d’antécédents ni rien… Il aurait aimé voir ce que la station est devenue.

Vous avez dirigé le Racing Club Narbonnais pendant deux ans, le sport est une autre de vos passions ?

Je ne vais pas mentir, j’ai joué un peu au rugby mais surtout avec les copains. Mais j’ai passé deux années très intenses et agitées en tant que président du Racing. André Maratuech m’avait demandé d’intégrer le conseil d’administration. J’ai pris la succession de Joël Carrère en 2011. Je salue la mémoire de ce grand monsieur. On est parvenu à hisser le club jusqu’en demi-finale de Pro D2 à Agen. Mais c’était des années animées.

Il y a d’abord eu la fameuse histoire des investisseurs qataris qui au final n’étaient pas ceux qu’ils prétendaient être, puis les investisseurs australiens sont arrivés. Des investisseurs qui ont par la suite vendu toutes leurs parts à Rocky Elsom au comportement… on va dire « particulier ». Il a tout restructuré en virant tout le monde pour faire simple. Mais c’était vraiment une belle expérience, très prenante mais une belle expérience.

Vous vous épanouissez aujourd’hui à la présidence de la CCI ?

Je suis un véritable passionné par ce monde. Je comprends les problématiques des acteurs économiques en tant qu’entrepreneur moi-même. C’est un territoire difficile, on ne va pas se le cacher. Mais il y a une réelle volonté de développement, avec un vrai potentiel. Depuis 2016 et la fusion des deux CCI de Carcassonne et Narbonne, notre rôle est encore plus déterminant. En deux ans, le nombre d’entreprises est passé de 21 000 à 24 000. 93% certes sont composées de moins de dix salariés mais le dynamisme est réel.

Nous proposons des accompagnements aussi bien individuels que collectifs pour permettre la création d’entreprise et la croissance économique de l’Aude. Nous transmettons également beaucoup d’informations, nous accompagnons dans la création de société ou pour trouver des solutions de financement. Comme des prêts à taux bonifiés ou la création de passerelles entre les différents acteurs. Nous essayons de conserver cette proximité, ces clubs d’entreprises, pour faire remonter directement les informations du terrain.

La CCI fait partie depuis 2021 de la SEMOP (société d’économie mixte à opération unique) qui gère le port de commerce de Port-La Nouvelle. Il faut d’ailleurs remercier la Région et en particulier Didier Codorniou qui y est pour beaucoup dans ce projet de grand port. L’hydrogène vert, l’éolien flottant, c’est une chance inouïe pour le territoire avec ce que ça peut engendrer comme retombées en matière d’emplois notamment et d’activités.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? Quels sont vos futurs projets ?

Tout d’abord une bien longue vie (rires) ! Mes projets, et bien c’est surtout le développement de l’Aude, une région à laquelle je suis particulièrement attaché, où je suis né et où je vis. Nous militons pour la création d’une ligne Carcassonne-Paris pour favoriser le développement. Il est difficile d’attirer de gros investisseurs quand il faut parfois bloquer une journée complète juste pour se rendre dans l’Aude, on atterrit à Montpellier dans le meilleur des cas. Une meilleure proximité avec Paris est nécessaire car nous avons une vraie carte à jouer.

Un autre grand thème est celui de l’eau. Seulement 5% des eaux usées sont réutilisées, dans une région où l’aridité va s’accroître, on doit se préparer à cela en optimisant la ressource en eau. « La mer n’a pas soif », par contre nos agriculteurs eux sont de plus en plus inquiets, il faut répondre à ces problématiques aussi rapidement que possible.

Propos recueillis par Nicolas Boulay

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