Le 2ème colloque international de l’association Allées-avenues/allées d’avenir sur les allées d’arbres se tiendra du 19 au 21 novembre 2023 à Carcassonne à l’hôtel du département.
Il entend apporter des éléments de connaissance et de réflexion pour s’affranchir des politiques de « la route qui pardonne », obstacle au maintien et à la replantation des allées. Organisé avec le conseil départemental de l’Aude, il s’adresse à un public d’élus et de professionnels, mais aussi de particuliers, propriétaires privés ou citoyens amoureux des allées.
Les politiques mondiales de sécurité routière dites de « la route qui pardonne » visent à garantir l’intégrité physique en cas de sortie de chaussée. Pour cela, elles imposent de reléguer les arbres à 4m, 7m voire 10m du bord de la route.
Mais ces règles sont incompatibles à la fois avec la réalité des emprises foncières disponibles pour planter et avec les caractéristiques géométriques classiques des allées d’arbres, qui sont une composante forte de leur caractère culturel. Dans tous les pays, elles constituent de fait un obstacle majeur au maintien des arbres de bord de route et à leur plantation.
Des questions et surtout des réponses
Mais la sécurité routière dépend-elle réellement de l’absence d’arbres proches de la chaussée ? La promesse d’intégrité physique suffit-elle pour vivre ? Notre vie physiologique, notre santé physique, notre santé mentale, notre bien-être social-constitutifs de la santé selon la définition de l’OMS – ne dépendent-ils pas aussi des arbres ?
La beauté n’est-elle pas tout aussi indispensable pour vivre ou se reconstruire, pour réenchanter le monde et remobiliser les sociétés autour de projets cruciaux ? La beauté n’est-elle pas justement un marqueur particulier des allées d’arbres, intervenant comme principe-même de leur aménagement ?
N’est-il pas aujourd’hui crucial de maintenir et d’étendre les allées, patrimoine culturel international et corridors indispensables face au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité ?
Des chercheurs universitaires internationaux sollicités
Avec une douzaine de pays représentés, des spécialistes d’environnement, de biodiversité, de paysage, d’urbanisme, de gestion des risques, d’automobilisme, de sécurité routière, de tourisme et de l’histoire des allées, chercheurs ou gestionnaires de patrimoine arboré, experts en arboriculture, opérateurs touristiques, mais aussi des élus et des citoyens, nourriront cette réflexion.
Grâce aux intervenants de l’université suédoise d’agronomie et des universités de Vilnius, de Cagliari ou d’Eberswalde, le colloque permettra de comprendre la dimension culturelle des allées d’arbres. Les participants bénéficieront des données les plus récentes sur l’effet des arbres sur la santé physique avec l’intervention d’Hubert Mansion, fondateur de l’Université dans la nature, au Canada, et organisateur du congrès mondial Forests for Public Health.
Ils découvriront également des approches originales sur des sujets comme la biodiversité des allées d’arbres ou la santé mentale et les arbres avec les présentations d’Anna Westin et Tommy Lennartson de l’Université suédoise d’agronomie et de Marianne Zandersen, de l’université d’Aarhus.
Les questions de rythme dans les aménagements, des effets physiologiques de la beauté, de risque et de comportement ou encore d’image de marque touristique seront abordées respectivement par Jean-Baptiste Viale, de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand, Sylvie Monpoint, médecin, David Ball, de la Middlesex University et Jean-Pascal Assailly, membre du Comité des experts du Conseil National de Sécurité Routière, et Nadine Darson Beretta, de l’Agence de développement touristique de l’Aude – le dimanche 19 novembre sera d’ailleurs consacré à une visite des allées d’arbres du département.
La dimension humaine, élément fort du colloque,se traduira par un recueil de témoignages et de récits de plantations à Harlem ou à Berlin avec l’intervention de Sonja Dümpelmann, co-directrice du Rachel Carson Centre for Environment and Society de l’université de Munich ou lors de l’opération « des arbres pour Sarajevo ».
Un militantisme politique assumé
L’impasse où menaient les politiques de « la route qui pardonne » avait déjà été constatée dans le rapport « Infrastructures routières : les allées d’arbres dans le paysage » publié par le Conseil de l’Europe en 2011.
Pour faire enfin avancer les choses, le colloque s’achèvera par une déclaration commune, nourrie par les différents apports et les échanges entre les participants : la nécessité de la beauté et des allées d’arbres doit se traduire concrètement dans les politiques d’aménagement de chaque pays, avec pour corolaire l’obligation de s’affranchir en la matière du principe réducteur de la « route qui pardonne ».
L’amorce d’un « itinéraire culturel européen » des allées, dans le cadre du programme des itinéraires culturels du Conseil de l’Europe, sera proposée pour signifier cet engagement.