Dans le cadre de la promotion de son dernier roman 73° Nord, Frédéric Thiriez a accordé à L’Echo du Languedoc une interview exclusive. L’occasion de découvrir un homme aux multiples talents, casquettes et centres d’intérêt.
Frédéric Thiriez, vous serez au Cultura de Narbonne ce jeudi 15 juillet, de 10h à 12h30, pour y faire dédicacer votre dernier roman : 73° Nord. Entretenez-vous un lien particulier avec notre région ?
Alors dans un premier temps, je tiens à préciser que j’ai une affection particulière pour l’Aude. Figurez-vous que c’est un département que je connais bien puisque ma mère est née à Castelnaudary. Elle est donc Chaurienne, c’est comme ça que l’on dit si ma mémoire est bonne. J’entretiens un rapport particulier avec cette belle région. Une mère chaurienne, un père lillois, ce n’était pas franchement la porte à côté mais c’est comme ça.
73° Nord, c’est déjà votre septième publication en temps qu’écrivain, mais c’est aussi votre premier roman qui traite à la fois de géopolitique fiction et de catastrophe environnementale. D’où vous est venue l’inspiration ?
Absolument, c’est mon tout premier roman. Concernant le scénario : nous sommes en 2030, un superpétrolier va s’échouer en plein océan Arctique entraînant une gigantesque marée noire. Cet incident va attiser de vives tensions internationales entre le Canada, la Russie, la Norvège ainsi que tous les pays du Grand Nord concernés par ce naufrage.
En 1990, lorsque je travaillais au ministère de l’Outre-Mer, j’ai participé avec une équipe de chercheurs sur un brise-glace allemand, dans le cadre de mes attributions, à une expédition au pôle Sud en Antarctique. J’ai depuis développé une passion des pôles.
Vous savez que l’Antarctique est un continent qui par convention n’appartient à personne mais où chaque grand pays à des revendications. Les Russes notamment. C’était une véritable source d’inspiration même si dans le roman, le scénario se déroule en Arctique.
C’est donc un roman futuriste, d’anticipation, dont le postulat de départ est très anxiogène. Seriez-vous pessimiste concernant l’avenir de la planète ?
Je ne devrais pas vous le dire, mais tout le roman n’est pas sombre ou très noir. Bien au contraire, c’est un roman qui à la fois aborde des thèmes comme l’écologie mais aussi le féminisme. La présidente française « MGM », qui a 35 ans dans le livre, va œuvrer au côté d’Ivanka Trump à la résolution de la crise.
Au final, ce sont des dirigeantes politiques qui sont au centre de la trame. Il y a également comme personnage masculin Vladimir Poutine, qui dirige toujours la Russie en 2030. Il est en fauteuil roulant mais il est toujours là.
Vous êtes un véritable touche-à-tout : vous avez été énarque, avocat au Conseil d’Etat, dirigeant de la LFP (Ligue de Football Professionnel, ndlr), vous avez gravi l’Himalaya, atteint le pôle Sud, vous êtes également sur scène en tant que chanteur lyrique et maintenant romancier. Comment s’est développée votre attirance pour tant de domaines différents ?
Je vais vous dire, je suis un homme de passion. Ce sont les passions qui font avancer. On m’a souvent dit et on me dit encore : « Tu as occupé trop de postes, tu fais trop de choses ».
La réalité, c’est que j’ai trouvé le secret pour prolonger la vie. Et ce secret, c’est que je vis plusieurs vies. On ne réalise pas à quel point la vie est courte, alors j’ai décidé d’en vivre plusieurs à la fois. Si j’ai un conseil à donner, notamment aux plus jeunes, c’est de satisfaire toutes les passions. Jouez votre carte à fond.
Quand j’étais encore un jeune adolescent, je devais avoir 14 ou 15 ans, j’ai découvert l’auteur André Gide et son œuvre Les nourritures terrestres. Cela a été une révélation. Un livre qui traite notamment du désir et de l’éveil des sens. On y découvre que sans passion on ne vit pas. Il faut tout essayer lorsque l’on en éprouve la volonté.
Nous sommes au lendemain d’une allocution importante du chef de l’Etat. Le président Emmanuel Macron a notamment annoncé de nouvelles mesures concernant la vaccination, qu’est-ce que tout cela vous évoque ?
Je risque de ne pas me faire beaucoup d’amis mais je n’ai jamais eu la langue dans ma poche, alors autant continuer : je suis favorable à la vaccination obligatoire de tout le monde sans exception. Je trouve qu’il y a un grand manque de civisme.
Cet individualisme forcené est en train de nous pourrir la vie. On vit en société, on parle beaucoup de « liberté » et d’« égalité », j’aimerais remettre en avant la « fraternité ». La liberté à mes yeux, ce n’est pas l’égoïsme ou certains comportements auxquels on peut assister. C’est prendre conscience de la portée de ses actes et de leurs conséquences.
L’Euro de football vient de se terminer, nous sommes en plein Tour de France, les JO de Tokyo arrivent à grands pas, le passionné de sports que vous êtes parvient-il à apprécier malgré ce contexte sanitaire ? Qu’avez-vous pensé de cet Euro notamment ?
Cet échec à l’Euro m’a profondément marqué personnellement. C’est un peu de notre faute. On doit pouvoir se mettre en sécurité en première période, même si cette dernière a été très mauvaise. On aurait pu mener 2-0 à la mi-temps. J’en ai beaucoup souffert et je continue à en souffrir. Je pense que c’est un échec très très injuste, et je pense que c’est ce que ressentent beaucoup de Français. On aurait pu faire mieux, on aurait dû faire mieux. Mais j’ai beaucoup de peine pour les joueurs et l’ensemble des supporters.
Concernant le contexte, vous m’avez demandé plus tôt si j’étais pessimiste sur l’avenir, je vous répondrai que bien au contraire. Je ne parviens pas à m’empêcher d’être optimiste. J’essaie d’ailleurs de proposer des solutions à travers ma participation à des associations pour aider les jeunes de quartiers défavorisés. On organise des voyages ou des excursions pour leur permettre d’avoir d’autres perspectives.
Sur mon blog, j’encourage d’ailleurs les gens à venir le découvrir, je m’engage notamment sur des sujets de société comme pour l’affaire Mila. On essaie de faire avancer les choses. Mais je crois pertinemment en l’Homme et en sa capacité à surmonter les problèmes.
Quels sont donc vos futurs projets en gage de conclusion ?
Vous savez, ce roman se lit comme le roman de l’été, c’est un divertissement et on peut l’emmener partout avec soi. J’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire et puis j’aime beaucoup cette « MGM », l’héroïne. Elle n’a que 35 ans après tout et peut-être vais-je envisager de lui faire connaître d’autres péripéties…