La fin progressive du bouclier tarifaire entraîne d’ores et déjà une augmentation au 1er août de 10% du coût de l’électricité. Un coup dur de plus pour le pouvoir d’achat, alors que la fin de l’accord sur le transit des céréales en Ukraine entraînera lui aussi une nouvelle instabilité des marchés.
En juin 2023, le prix des céréales était toujours plus élevé de 14,1% par rapport à l’année passée. Et il est malheureusement fort à parier que la récente non-prolongation des accords céréaliers n’arrangera pas la donne. Ainsi, la suspension unilatérale décidée par Moscou de l’accord signé en juillet 2022, pour permettre le transit des céréales produites en Ukraine – ce pays est l’un des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux – et ainsi éviter une crise humanitaire majeure, notamment pour les pays de l’hémisphère sud qui ont un besoin vital de ces stocks, risque également d’avoir de sérieuses conséquences sur les marchés européens.
Et la première des conséquences sera évidemment le prix de ces denrées. Difficile de se projeter, mais lors de la précédente crise de 2022, ayant abouti à ce premier accord, les prix mondiaux du maïs et du blé avaient déjà augmenté respectivement de 24,8% et de 15,6%.
Fin progressive du bouclier tarifaire
Au 1er août, le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement va progressivement disparaître. Cela va se traduire par une augmentation de facture de 10% sur les tarifs de l’électricité. Un surcoût moyen pour les ménages qui devrait s’élever aux alentours des 13€ mensuels soit environ 150€ annuels. Une facture moyenne d’électricité qui aujourd’hui atteint les 1700€ et qui devrait passer donc à 1850€.
Un retour progressif à une « réalité économique » qui a pour objectif de réduire les dépenses de l’Etat. Car ce qu’on appelle bouclier tarifaire comprenait en effet deux volets, l’un pour le gaz et l’autre pour l’électricité. Un bouclier qui avait un coût et non des moindres pour les finances publiques : à hauteur de 40 milliards d’euros.
Un budget qui a notamment servi dans une première période – du 1er février 2022 au 31 janvier 2023 – à limiter l’impact de l’augmentation des tarifs de vente d’électricité à seulement 4%. Depuis le 1er février 2023, cette hausse n’est plus limitée qu’à 15% en moyenne. Un système de protection qui bénéficiait aux particuliers, tout comme aux petites collectivités territoriales et micro-entreprises (moins de 10 salariés).
Ce mardi 18 juillet, le gouvernement a ainsi annoncé la fin progressive du dispositif, dans un souci d’économie pour un coûteux dispositif. Depuis le 1er juillet, le bouclier concernant le gaz a ainsi disparu, celui sur l’électricité ne devrait en revanche complètement disparaître qu’à l’orée 2025. Selon les premières prévisions, ces premières évolutions permettraient d’économiser jusqu’à 15 milliards d’euros dans le budget 2024.
Les prix à la consommation toujours en forte hausse
L’indice des prix à la consommation (IPC) pour juin 2023 ont permis d’évaluer l’augmentation d’un mois sur l’autre. Si les prix avaient très légèrement baissé en mai -0,1%, ils ont augmenté de 0,2% en juin. De manière générale, le mois de mai avait vu une certaine diminution des prix. -5,9% pour les produits pétroliers, -3% pour les énergies, les produits manufacturés sont restés au même point, les services de communications -3%.
Sur un an, le constat est sensiblement différent. Les prix à la consommation augmentent de 4,5% en juin 2023, après +5,1 % en mai. Cette baisse de l’inflation est due au repli sur un an des prix de l’énergie (‑3,0% après +2,0%) et au ralentissement des prix de l’alimentation (+13,7% après +14,3%). Les prix des services augmentent au même rythme que le mois précédent (+3,0%), tout comme ceux du tabac (+9,8%), tandis que ceux des produits manufacturés accélèrent légèrement (+4,2% après +4,1%).
Les prix de l’alimentation ont explosé
Sur un an, les prix de l’alimentation augmentent de 13,7 % en juin 2023, après +14,3 % en mai. Hors produits frais, les prix de l’alimentation ralentissent pour le deuxième mois consécutif (+14,1 % après +14,9 %). La hausse des prix s’atténue pour le pain et les céréales (+14,1 % après +14,8 %), la viande (+11,9 % après +13,4 %), le lait, le fromage et les œufs (+19,8 % après +20,7 %), les huiles et graisses (+15,9 % après +20,3 %), le sucre, la confiture, le miel, le chocolat et la confiserie (+16,3 % après +16,8 %), ainsi que pour les boissons non alcoolisées (+13,6 % après +13,9 %).
À l’inverse, les prix des boissons alcoolisées accélèrent légèrement (+8,8 % après +8,7 %). Les prix des produits frais augmentent quant à eux à un rythme plus soutenu en juin 2023 (+11,2 % après +10,7 % en mai) du fait de l’accélération des prix des fruits frais (+9,0 % après +7,0 %). À l’inverse, ceux des légumes frais (+17,0 % après +18,0 %) et du poisson frais (+3,4 % après +4,9 %) ralentissent.
Le pic d’inflation serait atteint selon le gouverneur de la Banque de France
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, déclarait sur franceinfo que le pic d’inflation était atteint et que les prix devraient donc progressivement baisser. Il prévient cependant dans son rapport qu’une inflation qui recule ne signifie pas automatiquement une baisse des prix pour le consommateur.
« En réalité, l’inflation ce n’est pas le prix des produits vendus, mais le rythme d’évolution de ces prix sur une période donnée. Généralement, on compare d’un semestre à l’autre ou d’une année à l’autre. Ainsi, un repli de l’inflation ne signifie pas une baisse directe des prix, mais plutôt un ralentissement de leur hausse. Ils continuent d’augmenter mais moins vite. C’est ce qu’on appelle la désinflation, ce qui n’a rien à voir avec la déflation, qui elle correspond à une baisse durable des prix. »
Parmi les raisons évoquées par le gouverneur de la Banque de France, deux principales : les tensions internationales qui restent très fortes et ont tendance à peser sur le moral des acteurs de l’économie ; la transition énergétique vers le renouvelable, qui va demander de très lourds investissements, qui se répercuteront automatiquement sur les prix finaux, dans un monde de ressources rares et chères.
Le monde entier est impacté
A l’issue du premier semestre, la croissance de la Chine reprenait plus lentement qu’espéré et des mesures de soutien du gouvernement chinois se faisaient toujours attendre. L’inflation a ralenti en Europe et aux Etats-Unis, mais si l’on exclut les prix de l’énergie, elle persiste, poussant les banques centrales à maintenir des politiques monétaires restrictives plus longtemps qu’espéré.
L’ambiance était encore à l’optimiste sur les marchés mondiaux il y a peu, avec l’apparition de premiers signes de reprise économique en Chine, les prix de l’énergie étaient largement retombés et les croissances des économies de la zone euro étaient révisées en hausse.