Malgré les débats de plus en plus récurrents que suscitent les sanctions occidentales prises en réponse à l’invasion russe de l’Ukraine, un dernier rapport russe dégoté par le média américain Bloomberg affirme bien le contraire.
C’est un refrain qui fait de plus en plus écho actuellement dans les médias et notamment en France. Ainsi, les sanctions européennes envers la Russie ne seraient pas efficaces et, au contraire, affaibliraient l’Occident au détriment de Vladimir Poutine et de sa guerre en Ukraine.
Mais après le rapport publié fin juillet par l’université de Yale, c’est cette fois une source interne à la Russie qui appuie encore davantage la thèse de la réelle efficacité des sanctions. C’est le média américain Bloomberg qui a dégoté un document confidentiel sur la réalité de la situation économique russe, ainsi que ses projections sur l’avenir à cout terme de la Russie.
La propagande russe au sommet de son art
La propagande est une arme qui a depuis longtemps fait ses preuves. En Russie, notamment depuis l’ère soviétique, le contrôle des médias et des vecteurs d’informations a été élevé au rang d’art. La guerre en Ukraine et son traitement médiatique attise les tensions, notamment en Occident où les avis divergents sont tolérés.
En revanche, côté russe, toute diversité d’opinion est systématiquement réprimée. C’est encore le cas récemment pour le journal indépendant d’investigation Novaya Gazeta qui s’est vu retirer sa licence média – lui interdisant de fait d’opérer dans le pays -. Ironie de la situation, le journal avait été fondé il y a trente ans, avec l’argent du prix Nobel de la paix récolté par le dernier dirigeant soviétique Mikhail Gorbatchev, décédé il y a quelques jours, pour qui un hommage national a été rendu.
Si l’information est une arme, défendre la réalité des faits est devenu une vraie épreuve, à l’heure où les réseaux sociaux ont pignon sur rue et où n’importe qui peut y aller de sa vérité. Terreau des rumeurs et de la désinformation, la liberté parfois divise, là où l’omnipotence poutinienne lui permet de faire taire toute divergence d’opinion.
Le mythe d’une Russie inébranlable
Ainsi, c’est une petite musique récurrente qui tend à être de plus en plus bruyante chaque jour : les sanctions prises par les pays occidentaux à l’encontre de Moscou, à la suite de son invasion de l’Ukraine, ne fonctionnent pas. Or, s’il est vrai que l’effondrement de l’économie russe est moins rapide qu’estimé au préalable par de nombreux observateurs, grâce notamment à une forte intervention étatique, tout porte à croire que les dégâts infligés dans le temps seront considérables.
Si la valeur du rouble est toujours stable et que le pétrole russe a trouvé preneur notamment en Chine et en Inde, la Russie souffre bel et bien des effets des sanctions. Une fuite des cerveaux sans précédant touche la société russe – près de 200 000 informaticiens notamment – tout comme la pénurie de composants informatiques ou militaires. Ainsi, l’industrie russe souffre et ses tanks utilisent désormais des composants destinés à des lave-vaisselles.
Le déclin russe est bien réel. De fait, les autorités russes s’abstiennent de toute publication d’informations relatives à l’économie du pays, à moins que celles-ci ne soient bénéfiques au pouvoir en place. Officiellement la récession ne serait limitée qu’à 3% du PIB russe en 2022, mais le document prévient que la glissade serait de 8% en 2023 et de 6% l’année suivante. Dans le pire des cas, ce serait une dégringolade de 11% que subirait l’économie du pays l’an prochain, et resterait à -11,9% en 2024 par rapport au niveau d’avant l’invasion.
Dans une perspective dite « médiane », l’économie russe ne reviendrait à son niveau d’avant-guerre qu’en 2028, dans le pire des cas, elle resterait à -3,6% en 2030 par rapport à 2021. Le document prévient en parallèle enfin que les baisses des exportations du pétrole, de métaux, de produits chimiques pour le bois, pourraient être si durables que « ces secteurs cesseront d’être les moteurs de l’économie ».