Résidence d’été mais aussi résidence d’Etat, le fort de Brégançon est également un lieu officiel de villégiature de la présidence de la République française.
Ses origines remontent au XVe siècle. Jean de Baudricourt alors gouverneur de Bourgogne, est chargé par le roi Louis XI de sécuriser la côte provençale. L’ancien château, situé sur le continent est alors jugé trop insuffisant pour garantir à lui seul le contrôle de la façade maritime.
En 1483, Jean de Baudricourt fait alors placer le fort de Brégançon sur son îlot actuel. Cinquante ans plus tard, François Ier crée le marqusiat des Îles d’Or afin de se prémunir des raids ottomans dans la région, le fort de Brégançon intègre ainsi le dispositif.
Durant les guerres de Religion, le fort sera un bastion protestant assiégé par le compte de Vins, chef des armés catholiques de Provence. Un triste épisode qui verra l’intégralité de la garnison et le châtelain être massacrés à la fin du siège.
La réorganisation de Richelieu lui donnera sa forme actuelle
Au XVIIe siècle, alors en pleine guerre de Trente Ans contre les Habsbourg d’Espagne et d’Autriche, le cardinal de Richelieu supervise la défense de la côte provençale. Les Gasquy père et fils gouverneurs du fort, le réarment et renforcent sa position stratégique. Son aspect est donc celui qui est resté jusqu’ici.
Durant la Révolution française, le fort attire l’attention d’un certain Napoléon Bonaparte qui après avoir repris Toulon aux Anglaissera nommé inspecteur des côtes et y séjournera durant l’hiver 1793-1794. Une fois devenu premier consul en 1799, il le fait réparer et doter d’une importante artillerie, puis, après son sacre comme empereur, il fait renforcer sa garnison en 1805 par l’installation d’une compagnie de vétérans impériaux.
Il faudra par la suite attendre 1963 pour voir le fort revenir au devant de l’Histoire de France. En 1964, le général de Gaulle y réside le 25 août lors des commémoration des vingt ans du débarquement de Provence. Pas emballé par les lieux dans un premier temps, il sera convaincu de l’utilité par René-Georges Laurin alors député-maire de St-Raphaël.
La décision est donc prise de réaménager le fort de 3 millions de francs. Brégançon sera dorénavant affecté au ministère des Affaires culturelles et servira de résidence officielle au président de la République française. Il sera ainsi classé monument historique en septembre 1968.
Différemment apprécié selon les présidents…
Charles de Gaulle est ainsi le premier président de la République française à y avoir dormi. Il en aura une première expérience assez désagréable, jugeant le lit trop petit et dérangé par les moustiques toute la nuit. Si le Général saluera l’importance de ce site militaire, il n’y remettra cependant jamais les pieds, préférant passer ses vacances à Colombey-les-Deux-Eglises.
Le couple Pompidou sera quant-à-lui bien plus enclin à séjourner à Brégançon. Eté comme hiver, Georges et Claude Pompidou apprécient d’y passer leurs week-ends. Ils y apporteront une touche artistique en y ajoutant des éléments d’art moderne.
Pour Valéry Giscard d’Estaing, un séjour d’un week-end au fort restera célèbre après la démission du Premier ministre Jacques Chirac. Deux jours où le président réfléchira à son successeur, qu’il trouvera en la personne de Raymond Barre. A noter que quelques semaines auparavant, le couple Chirac sera invité au fort et vivra ce qui sera perçu comme une véritable humiliation, en étant installé sur des tabourets alors que le couple présidentiel bénéficie de confortables fauteuils. Une anecdote supplémentaire du fort.
Sous la présidence Mitterrand, le fort sera quelque peu délaissé, le dirigeant français préférant passer ses vacances à Latche (Landes) ou à Gordes (Vaucluse). Il y recevra cependant en 1985 le chancelier allemand Helmut Kohl ainsi que le Premier ministre irlandais Garret Fitzgerald. A noter qu’il donnera au fort de Brégançon sa toute dernière conférence de presse en tant que président de la République, en avril 1995.
Chirac et Macron, grands fidèles du fort
Il ne l’appréciait pas particulièrement mais y résidait bien souvent. Ainsi, Jacques Chirac s’y ennuyait mais Bernadette adorait « cette maison où règne le bon goût ». Cette dernière viendra même y séjourner seule ou accompagnée de sa mère et de ses filles. Quant au président, il aura beaucoup plus d’affinités avec d’autres îles plus exotiques telles que La Réunion ou l’Île Maurice même si Brégançon sera un lieu de villégiature très utilisé.
Sous la présidence Sarkozy, l’évolution du « style » présidentiel sera également celle du fort. Prisé avec Cécilia Sarkozy, une fois remarié avec Carla Bruni le couple préfèrera la copropriété de sa nouvelle épouse située dans la commune voisine du Lavandou, au cap Nègre.
Le couple Hollande formé avec Valérie Trierweiler occupera le fort l’été 2012. Mais une polémique créée par l’achat de coussins luxueux laissera un goût amer au président. L’année suivante, le fort sera ouvert au public, sa gestion assurée par le Centre des monuments nationaux à partir du 26 juin 2014. L’objectif étant d’atteindre un équilibre financier, avec un coût d’entretien de 200 000€ par an.
Sous la présidence d’Emmanuel Macron (ph. wiki), le fort repasse sous gestion directe de l’Elysée mais reste ouvert au public en l’absence du couple présidentiel. Emmanuel Macron y fera notamment installer une piscine hors-sol d’une valeur de 34 000€. Il y séjourne de manière régulière chaque été.