Les vendanges ont donc battu des records de précocité dans le département. C’est en effet la première fois qu’elles débutent un 25 juillet chez certains exploitants.
C’est à Fitou, sur le domaine du Champ des sœurs, que les vendanges ont pour ainsi dire bien débuté. Sous un soleil déjà haut dans le ciel, les travailleurs de la terre s’affairent avec comme unique alliée une précieuse brise rafraîchissante. Sur le domaine appartenant à Laurent Maynadier, on a l’habitude de vendanges précoces. Les précédentes saisons avaient commencé les 27 et 29 juillet. Aujourd’hui, le phénomène tend à s’accentuer.
Au Parisien, le propriétaire déclarait : « Nous n’avons pas reçu une seule goutte depuis mars dernier. Vu l’aridité, les cépages traditionnels ne tiennent pas. Il nous faut de nouveaux hybrides résistants ». Ailleurs dans le Languedoc, certaines caves en 2021 avaient rentré les muscats dès le 3 août, et les vendanges de blancs avaient officiellement démarré dans la région le 9 août.
Le changement climatique : une réalité
La multiplication et la succession d’épisodes de sécheresse peut ainsi finir par tuer un certain nombre de pieds de vignes. Et la hausse des températures s’accompagne en général d’une augmentation du taux de sucre, avec une acidité en baisse, des arômes de fruits confiturés… Le défi sera donc de faire des vins avec des taux d’alcool pas trop forts.
Ainsi, les vignerons s’adaptent déjà. Il faudra varier les pratiques culturales en travaillant le sol ou en désherbant les inter-rangs pour éviter que l’herbe ne concurrence la vigne. Il faudra également laisser plus de feuilles sur les vignes pour éviter que le soleil n’atteigne trop les grappes.
Une économie à la peine
En France, le vin joue un rôle économique et culturel de premier plan. Avant la pandémie de Covid-19, il générait un volume d’affaires de près de 14 milliards d’euros et était au deuxième rang des exportations nettes françaises, dépassé seulement par l’aéronautique.
À Gruissan (ph. DR), les précipitations ont diminué d’environ 25% depuis 1990, ce qui pose des problèmes de rendements. Les événements climatiques extrêmes se multiplient, comme la canicule de 2003 ou le coup de chaleur du 28 juin 2019 en Languedoc, avec des vignes qui ont parfois grillé sur place.
Quatre leviers d’action pour faire face
Le premier consiste à modifier les cépages et leurs porte-greffes en favorisant les variétés plus tardives, plus tolérantes à la sécheresse et aux températures élevées, plus résistantes aux maladies et produisant moins de sucre et plus d’acidité.
Le deuxième concerne la conduite de la vigne et la modification des pratiques agronomiques : jouer sur la taille ou la densité des parcelles pour réduire le stress hydrique ; organiser le feuillage peut mieux protéger les grappes du soleil ; gérer le sol, avec l’enherbement ou l’ajout de matière organique.
Le troisième levier d’action est l’œnologie. On peut en effet corriger les effets climatiques en désalcoolisant le moût ou le vin grâce à des systèmes de membranes, sans modifier la structure et le profil aromatique du vin, en passant par exemple de 15 à 12 degrés d’alcool.
Le quatrième levier d’action concerne la réorganisation des plantations dans l’espace. Au sein d’un même terroir, il s’agit de reconsidérer la diversité des sols et des expositions des parcelles pour orienter les nouvelles plantations.