Jusqu’où peut aller la propagande d’état russe dans ce conflit ? Si elle ne semble pas avoir de limite, la presse russe a quant-à-elle qualifié le journaliste de « mercenaire livrant des armes » à l’armée ukrainienne. Le président ukrainien Zelensky a rendu hommage au journaliste.
C’est l’agence de presse russe Tass qui a rapporté les dires de séparatistes pro-russes, justifiant ainsi le meurtre du journaliste de 32 ans qui : « ne serait pas journaliste mais aurait plutôt joué un rôle dans la livraison d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes », a affirmé Andrey Marochko, un officier de la milice.
Mais la déclaration ne s’arrête pas là : « je ne l’aurais pas qualifié de journaliste parce que ses actions montraient une activité tout autre. Il est tout à fait possible de le qualifier de mercenaire étranger. Et c’est tout à fait clair qu’il était complice des forces ukrainiennes d’extrême droite ».
Une justification qui aurait conduit Frédéric Leclerc-Imhoff à être « voué à une fin aussi triste », fin de citation. Pour rappel, le journaliste a été touché par un éclat d’obus alors qu’il suivait le parcours d’un convoi humanitaire à l’intérieur d’un véhicule blindé, à Severodonetsk.
« Tué par un bombardement russe sur une opération humanitaire alors qu’il exerçait son devoir d’informer », a tweeté la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, en condamnant un « double crime qui vise un convoi humanitaire et un journaliste ».
L’hommage de Macron et de Zelensky
« Je partage la peine de la famille, des proches et des confrères de Frédéric Leclerc-Imhoff », a tweeté le président Macron, « à qui j’adresse mes condoléances. À celles et ceux qui assurent sur les théâtres d’opérations la difficile mission d’informer, je veux redire le soutien inconditionnel de la France. »
C’est donc le deuxième journaliste français à perdre la vie en Ukraine, après le décès du caméraman franco-irlandais de 55 ans Pierre Zakrzewski, travaillant pour Fox News. C’était le 15 mars dernier près de Kiev à Horenka.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (ph. wikimedia commons) a quant-à-lui réagi dans une vidéo, où il a adressé un message de condoléances à la famille, en ajoutant : « Aujourd’hui, dans la région de Louhansk, les occupants ont perturbé l’évacuation de zones de combat, tirant sur une voiture qui allait chercher des civils. Le journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff a été mortellement blessé par un tir ».
« Il y a un peu plus d’un mois j’ai donné une interview à BFM TV », précisant que « c’était sa première grande interview avec un média français ». Dans ce même message, il ajoutait que Frédéric Leclerc-Imhoff était le 32e membre de la presse à perdre la vie depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier.
Une enquête ouverte pour crimes de guerre
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé ce lundi l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre après le décès de Frédéric Leclerc-Imhoff. Le parquet communique : « L’enquête est ouverte des chefs d’atteinte volontaire à la vie d’une personne protégée par le droit international des conflits armés, attaques délibérées contre des personnes qui ne prennent pas part directement aux conflits et attaques délibérées contre le personnel et les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ».
Des investigations qui seront menées par l’OCLCH, Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre qui seront chargés des investigations. Un enquête de flagrance qui portera également sur les blessures subies par son confrère Maxime Brandstaetter, son binôme présent avec lui lors du reportage. Le parquet précise qu’au moins cinq autres enquêtes sont ouvertes pour des faits commis sur des ressortissants français en Ukraine depuis le début de la guerre.