Dans l’Aude, comme ailleurs ; il y a des lignes ferroviaires qui renaissent de leurs cendres et d’autres qui ont disparu pour de bon. La régénération du lien Limoux-Quillan fait penser au trajet qui reliait Moux à Caunes-Minervois et dont l’activité a cessé il y a plus de cinquante ans.
Il arrive que des combats portent leurs fruits. C’est ce que doit penser aujourd’hui l’AFL, l’association de sauvegarde de la ligne ferroviaire Carcassonne – Quillan. Depuis des années, elle se bat pour la régénération de ce trajet qui va de la Cité jusqu’à la Haute-Vallée de l’Aude.
L’AFL avait déjà remporté un combat avec la réouverture de la ligne Carcassonne – Limoux et voilà qu’une convention tripartite Etat – Région – SNCF vient de prolonger les travaux de Limoux jusqu’à Quillan.
Le deuxième tronçon sera opérationnel en 2025. On annonce une rotation de cinq allers-retours entre Carcassonne et Quillan, la réouverture du Fret et des promesses d’activité. La ligne Carcassonne – Quillan sera également un vecteur touristique incontestable pour la Haute-Vallée de l’Aude.
La viticulture avant tout
Une ligne de chemin de fer renaît quand tellement d’autres, qui n’étaient plus rentables, sont à l’abandon. Ainsi va la vie. On pense par exemple à l’une des plus vieilles de France : celle reliant Moux à Caunes-Minervois et qui, de nos jours, semble bien dérisoire et désuète.
Longue de 28 kilomètres, elle avait été mise en service par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne en 1887. Tracée à travers les vignes, elle avait notamment pour d’écouler la production viticole, qui était l’une des principales productions de la région.
La carrière de marbre de Caunes fournissait également du trafic au rail. Ce marbre à la couleur rouge aura servi à la décoration de nombreuses églises. Pour les voyageurs, six trains (trois dans chaque sens) parcouraient la ligne en 1898. En une heure de trajet, on allait de Moux à Caunes-Minervois en passant par Saint-Couat, Puichéric, La Redorte, Azille et Rieux.
Malheureusement, la faiblesse du trafic voyageurs aura raison de cette activité de la ligne qui sera supprimé en 1939 pour ne réserver les voie qu’au seul trafic des marchandises et cela jusqu’en 1969, année de la fermeture définitive de la ligne Moux – Caunes-Minervois.
Célèbre grâce à Louis de Funès
Deux ans avant sa disparition, la ligne ferroviaire a eu droit à une sorte d’enterrement de première classe qui la rend, de fait, quasiment immortelle. En 1967, à Azille, sur un passage à niveau gardé et équipé de barrières oscillantes. un y aura fait deux passages. Un train de voyageurs ?
On n’avait pas vu ça depuis 1939 ! Il ne s’agissait que d’une renaissance ponctuelle. Une sorte de baroud d’honneur pour les besoins d’un film resté à la postérité : Le Petit Baigneur avec l’immense Louis de Funès. Ainsi, à chaque rediffusion, la ligne Moux – Caunes-Minervois revit le temps d’une séquence mémorable.
Des gares fermées, de l’ancien pour le tourisme et une voie verte
Une trentaine de gares audoises sont aujourd’hui fermées et néanmoins situées sur une ligne encore en service. Moux notamment, mais aussi Gruissan-Tournebelle, Capendu, Fitou, Marcorignan, Cepie, Sallèles, La Palme, Pezens, Trèbes, Villedaigne. D’autres sont situées sur une ligne fermée. On pense à Chalabre, Puichéric, la Redorte, Belvèze, Montréal et bien sûr les gares de la ligne Moux – Caunes-Minervois.
Le Train du Pays Cathare et du Fenouillèdes est un train touristique qui circule sur les 60 kilomètres d’une ancienne voie de chemin de fer, à voie normale, la ligne Rivesaltes – Carcassonne, qui va de Rivesaltes à Axat en passant par Saint-Paul-de-Fenouillet siège de l’organisation TPCF.
De l’ancienne gare de Chalabre à celle de Rivel : tel est aujourd’hui le nom d’un magnifique chemin de randonnée situé sur une voie verte et très prisé des amateurs de marche. Longtemps désaffectée, l’ancienne gare de Chalabre a été réhabilitée il y a bientôt deux ans pour devenir un point d’info touristique du Quercob.