Originaire de Bordeaux et actuellement installée dans l’Aude à Ventenac-Cabardès, Marine Pidoux est une as du volant.
Une passion, ou plutôt une vocation, qui date de sa plus tendre enfance et qui l’a menée sur les circuits. Malgré la pandémie, elle compte bien briller sur les circuits cette année et attirer les sponsors qui restent, malgré tout, le nerf de la guerre. Rencontre.
De quand datent vos premières sensations avec un volant ?
J’ai commencé à rouler en Kart à l’âge de 5 ans et en voiture à 14 ans.
Quel est le regard d’un milieu dominé par la gente masculine ?
Ce n’est pas évident car une femme dans un monde d’hommes ne manque jamais d’être jugée. Nous sommes encore très en retard sur l’évolution de la femme dans la société .
Est-il plus difficile de se faire une place au soleil en étant une femme ?
C’est extrêmement difficile. Chaque course, chaque saison, il faut montrer que nous avons notre place et que nous ne sommes pas là pour faire de la figuration. Mais comme je suis une des rares femmes dans ce sport, j’ai une très grande communauté qui me suit. Du coup, sur mes réseaux j’ai énormément d’abonnés qui m’encouragent à me dépasser.
La passion et le travail, est-ce compatible ?
Ce n’est pas évident mais j’arrive à gérer comme il le faut mon emploi du temps car j’ai J’ai un super agenda Google ( mon meilleur ami ) … J’ai voué ma vie à réaliser mon projet d’être pilote automobile. Je me suis battue chaque jour et j’ai dû faire énormément de sacrifices. Bien évidemment, cela n’arrive pas sans beaucoup de travail. Et si je travaille autant, c’est pour me payer une partie de ma saison car je manque de sponsors.
«Être sur la plus haute marche du podium»
Quel genre de voiture pilotez-vous ?
Je pilote une GT Mitjet Supertourisme , un prototype de 350 chevaux pour 890 kilos : une voiture très agressive surtout dans les parties sinueuses de la piste. Ce que j’aime dans cette auto, c’est qu’elle n’a aucune assistance. C’est une voiture qui ne pardonne aucune erreur de pilotage.
Qu’est-ce que le Championnat Ultimate Cup Series ?
Un championnat Européen. Nous roulons que sur des circuit F1
Quelles sont vos ambitions pour la saison qui arrive ?
L’année dernière, sur ce même championnat, je me suis classée quatrième de la catégorie GT cup . Je compte bien, cette année, être sur les plus haute marche du podium.
La pandémie a-t-elle perturbé vos plans ?
C’est compliqué surtout niveau des sponsors car j’en ai perdus à cause de la crise sanitaire. Le championnat ne sera pas annulé car il est considéré comme un championnat professionnel.
Vous êtes seule au volant mais est-ce aussi un travail d’équipe ?
Je suis la seule sur ma GT , mais en effet c’est un travail d’équipe. Je suis dans le même team depuis 2016 : le Team Spped Car situé à Alès. J’ai une très grande confiance en eux car ils sont très professionnels . C’est une écurie qui a un CV long comme le bras : vainqueure plusieurs fois en championnat de France GT, meilleure équipe professionnelle sur plusieurs années. Nous sommes très soudés, que ce soit avec mes mécanos ou mon ingénieur, sans parler du patron de l’équipe Pascal Destembert. Il est le seul qui m’a aidée à progresser. Je suis très reconnaissante du travail qu’ils déploient pour que les autos soient parfaitement réglées lors des courses.
«J’ai frôlé la mort en 2013»
Quels circuits qui vous ont marquée ?
Le Paul-Ricard car c’est un magnifique circuit. Portimao au Portugal également car j’ai piloté de nuit lors des 24 heures de la finale mondiale . Le circuit de Las Vegas de Romain Thievin présente une piste complexe mais géniale . Et forcément Imola : il reste un circuit qui marque un pilote à vie car c’est la où Ayrton Senna est décédé. Ce circuit a une âme.
Comment appréhendez-vous le danger ?
J’essaye de ne surtout pas y penser, même si c’est difficile. J’ai été accidenté en 2013. J’ai frôlé la mort . Depuis, je suis consciente que je risque ma vie à chaque course, mais j’essaye de faire abstraction. Chaque année malheureusement, le sport auto est endeuillé. Nous sommes conscients que nous prenons de très gros risques.
L’adrénaline est-elle votre moteur ?
Oui, bien sûr car cela génère une force supplémentaire. Mais je dirais que ce n’est pas seulement ça. La passion pour ce sport m’a permis de me dépasser chaque jour pour réaliser mon rêve. C’est bizarre à dire, mais mon accident sur circuit, qui m’a fait être paralysée pendant des mois, m’a tellement aidée. Je me suis découvert une volonté que je ne soupçonnait pas. Bien que ce soit très dur sur une course ou pour trouver des sponsors, je n’ai jamais rien lâché. Je me suis toujours battue pour avancer dans ce sport. Personne n’a réussi à me dissuader. Je pense que le plus enrichissant dans un projet tel que celui-là, c’est le parcours : tomber, se relever, tomber encore et se relever. Réussir malgré les embûches…
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marinepidouxracing@gmail.com et sur Facebook (@MarinePidouxPilote).