Il y a cent ans, le radical-socialiste Albert Tomey était le premier magistrat de Carcassonne. Une ville qu’il a contribué à transformer durant ce qui fut longtemps le plus long mandat à la tête de la préfecture audoise.
A l’angle nord-est de la place Davilla, on peut trouver un bel immeuble de type Hausmanien, construit par Marius Esparseil en 1880. C’est à cet endroit qu’est né, deux ans plus tard, Albert Tomey. Le 22 juin 1882 exactement. Il y a résidé toute sa vie et y a même exercé son métier de docteur. Aujourd’hui, la bâtisse est communément appelée « immeuble Tomey ».
Il y a cent ans, le docteur Albert Tomey était également le premier magistrat de la ville. Et ce depuis deux ans. Après ses études de médecine à Toulouse et surtout après la Grande Guerre, il s’était lancé dans la politique sous l’étiquette Radical-Socialiste puis était parti à l’assaut de la mairie de Carcassonne. Bataille remportée le 10 décembre 1919.
Huit ans plus tard, il ajoutera une corde à son arc si l’on peut dire, en devenant fort logiquement conseiller du Canton ouest au Conseil Départemental.
L’hygiène avant tout
Mais c’est à Carcassonne même qu’Albert Tomey aura marqué de son empreinte les quatre mandats successifs qu’il aura assuré dans le fauteuil de maire. Personne ne peut nier, un siècle plus tard, qu’il a profondément transformé l’actuelle préfecture audoise avec des travaux majeurs. On pense tout d’abord à sa première action de salubrité publique.
La nuit, à Carcassonne, l’atmosphère était pour le moins irrespirable et le spectacle des rues jonchées de détritus s’avérait fort peu ragoutant. Choqué par l’hygiène calamiteuse de sa ville, Albert Tomey a entrepris de la doter d’un tout-à-l’égout digne de ce nom.
Toujours en matière d’hygiène, sous son impulsion, Carcassonne a pris le taureau par les cornes avec notamment l’auto-javelisation des eaux, le raccordement des immeubles au réseau général de distribution d’eau, l’installation du régime des poubelles avec l’enlèvement des ordures ménagères par des véhicules électriques et aussi la construction de la station de pompage.
Une urbanisation spectaculaire
Albert Tomey s’est également illustré par les avancées notoires en terme d’urbanisation. Carcassonne lui doit par exemple son classement en station de tourisme avec la création d’une Chambre d’industrie touristique, la cimentation des boulevards et des rues, la restauration du Théâtre municipal et de l’Hôtel de Ville, la création de la caserne des pompiers, le remplacement de l’éclairage au gaz de ville par l’éclairage public électrique.
Outre les travaux et créations d’écoles ou lycée, il est un lieu qui compte beaucoup pour les Carcassonnais et qu’ils doivent à Albert Tomey : le Parc municipal des sports de la Pépinière, plus connu de nos jours sous le nom de stade Albert-Domec.
Albert Tomey s’est éteint, le 19 novembre 1959, dans sa ville de Carcassonne à laquelle il aura toujours été fidèle. Le maire de l’époque, Jules-Fil assista à ses obsèques à l’église Saint-Vincent. D’autres anciens premiers magistrats étaient également présents. On pense à Philippe Soum et Parce Itard-Longueville.
Plus surprenante, la présence de Jules Jourdanne qui fut nommé par Vichy, lequel régime avait mis un terme brutal à la mandature d’Albert Tomey en février 1941.
La controverse Vichy
Révoqué par le maréchal Pétain le 9 février 1941, Albert Tomey aura été maire de Carcassonne pendant 21 ans après avoir succédé à Gaston Faucilhon en 1919. Une longévité qui ne sera « battue » que par Raymond Chesa, maire entre 1983 et 2005, soit 22 années.
Ombre au tableau d’un parcours remarquable à la tête de la Ville : les années Vichy. Destitué de son poste de maire de Carcassonne, Albert Tomey a toutefois été nommé à la tête du Conseil départemental de l’Aude et en sa qualité de Président, il a assisté à la triste soirée inaugurale de la Milice de l’Aude, le 28 février 1943, au Théâtre municipal (qu’il avait fait rénover). Tout comme le Préfet de l’Aude, M. Freud-Valade.
Sources : Musique et Patrimoine de Carcassonne (blog).