Anthony Gomes, jeune Narbonnais, se défend d’être un surdoué de l’aviation.

access_time Publié le 19/02/2021.

Plus jeune pilote de planeur de l’Hexagone à 14 ans à peine, pilote d’avion monomoteur un an plus tard et d’avion privé à… 17 ans,

Mais à 20 ans, il a intégré l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile à Toulouse. Comme une suite logique.

Il arrive souvent qu’une passion naisse à travers un film. Est-ce ton cas ?
Non, ce n’est pas mon cas. Quand j’étais petit je voulais devenir astronaute comme beaucoup d’autres petits garçons mais au fil des années je n’ai pas perdu cette attirance pour le ciel. J’ai découvert à l’âge de 13 ans le métier de pilote de ligne notamment grâce au père d’un ami de collège qui est pilote chez Air France. Après j’ai commencé à me renseigner seul, à regarder des vidéos, des photos et j’ai découvert l’ENAC à ce moment-là. C’est la seule école en France qui propose une formation gratuite pour devenir pilote de ligne (100.000 € sinon…) Donc j’ai commencé à travailler plus sérieusement à ce moment-là en prévision du concours d’entrée à l’ENAC.

Comment as-tu décelé que tu avais des aptitudes hors normes ?
Alors, je ne pense pas avoir d’aptitudes hors normes… j’ai toujours été bon élève à l’école, habitué à être premier de la classe, mais c’est principalement dû au travail, pas forcément au talent. Je suis quelqu’un qui aime m’investir à 100% quand je fais quelque chose pour le réussir, je travaille pour atteindre mes objectifs, mais je ne pense vraiment pas avoir d’aptitudes hors normes. Peut-être un peu au-dessus de la moyenne, mais rien de bien incroyable !

Où as-tu appris à voler ?
J’ai commencé sur planeur à l’aéroclub de Narbonne à 14 ans début 2015. Ensuite je me suis inscrit à l’aéroclub de Béziers – Cap d’Agde fin 2015 pour y faire de l’avion (avec une instructrice narbonnaise d’ailleurs).

Si je te dis : surdoué de l’aviation, tu me réponds quoi ?
Surdoué, sûrement pas ! Doué peut-être à la limite, mais surdoué vraiment pas. Je n’ai pas de capacités incroyables, je reproduis ce qu’on m’a appris pendant ma formation, mais je fais des erreurs aussi comme tout le monde. J’ai tendance à apprendre plutôt vite mais je ne suis certainement pas surdoué de l’aviation. Je sais que ce terme a été utilisé pour un article en 2015 quand j’ai fait mon premier vol seul en planeur, mais il est sûrement un peu exagéré. En aviation l’humilité et la capacité de remise en question sont des valeurs très importantes donc je ne me permettrais pas de me catégoriser comme surdoué dans ce domaine. Surtout que pour l’instant je n’ai que 130h de vol. Ce n’est rien comparé aux dizaines de milliers d’heures de vol que je vais effectuer pendant ma carrière. J’ai encore beaucoup à apprendre et à découvrir. Un proverbe existe d’ailleurs : « a good pilot is always learning ».

«Je ne pouvais pas espérer mieux»

Pilote d’avion privé à… 17 ans, ce n’est pas franchement commun ?
Pilote privé à 17 ans en effet, c’est l’âge minimum pour le devenir. Mais beaucoup de jeunes passent cette licence à cet âge-là. Après, c’est vrai que la plupart des jeunes «normaux» n’ont pas le permis à 17 ans et ne pilotent pas d’avions mais je ne suis pas la seul à avoir eu cette licence à 17 ans.

Comment a réagi ta famille quand elle a compris que c’était ta vocation ?
Ma famille a été supportrice de mon projet depuis le début et m’a aidé à le construire. En m’emmenant à l’aéroclub des centaines de fois, en prenant de son temps et de son argent pour payer les heures de vol. Ils sont contents que je veuille faire ce métier parce que c’est un bon métier qui me permettra de vivre confortablement et ils en profiteront aussi avec les billets d’avion à prix réduit (rires).

Que retiens-tu des rencontres internationales des jeunes pilotes au Canada de l’été 2019 ?
Je garde de cet échange des amitiés pour la vie avec des gens des quatre coins du monde, qui partagent la même passion que moi, mais aussi des souvenirs incroyables des activités (par exemple un vol en hélicoptère au dessus de la forêt canadienne). Cet échange m’a permis de vraiment grandir sur le plan aéronautique et humain. Je fais maintenant partie de l’organisation des cadets de l’air en France, en étant par exemple jury lors des sélections des nouveaux cadets pour les échanges des années à venir.

Il y a deux ans, tu rêvais de rejoindre l’ENAC. Rêve accompli ?
Oui, je rêvais de rentrer à l’ENAC pour devenir pilote de ligne depuis que je suis en classe de 4ème. Ce rêve est maintenant réalisé à mon plus grand bonheur. Après avoir passé une année en classe de maths sup j’ai passé et réussi le concours d’entrée à l’ENAC (écrits des maths/physique/anglais – tests psychotechniques – entretiens de motivation + oral d’anglais). Et je suis un des quatorze heureux admis pour 1200 candidats à ce concours… c’est juste magnifique de réaliser son rêve d’enfant du premier coup, je ne pouvais vraiment pas espérer mieux.

«Devenir pilote de ligne chez Air France»

Comment ça se passe là-bas ?
Tout se passe à merveille : j’étudie enfin ce qui me plait. Pour la première année on passe la licence de pilote de ligne théorique (ATPL théorique) qui consiste en 14 modules. Je passe début en 8 de ces modules début mars. Un pas de plus vers le métier de mes rêves. Ensuite les deux années qui suivront seront pratiques avec tout l’apprentissage du pilotage. Je passerai la licence de pilote professionnel (CPL), une qualification de vol aux instruments et une qualification de vol sur bimoteur puis finalement une formation au travail en équipage avant de pouvoir, courant 2023, postuler en tant que copilote dans des compagnies aériennes !

Ton «passé» de surdoué te poursuit-il ?
Du coup comme je suis pas surdoué ce passé ne me suis pas (rires). Par contre mon expérience et mon investissement de longue date dans le monde aéronautique m’ont sûrement aidé à être admis et réussir les entretiens de motivation de l’ENAC.

Pilote des longs courriers, c’est ton nouvel objectif ?
Pilote de ligne c’est mon rêve de longue date que je suis maintenant certain de réaliser grâce à l’ENAC. Que ce soit long, moyen ou court courrier j’aurai réalisé ce rêve. Mon objectif à long terme est de devenir pilote de ligne chez Air France et finir ma carrière sur long courrier mais je n’y suis pas encore.

Y a-t-il un avion qui te fait rêver ?
Pour l’instant quasiment tous les avions de ligne me font rêver et je serai tellement heureux d’en piloter un. Mais sinon je dirais le Boeing 747, un avion malheureusement plus présent chez Air France que j’aurais rêvé de piloter, ou sinon l’Airbus A350, un bijoux de technologie et d’aérodynamique.

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