Arnaud Cornet dit MANIKEO a su ou a du s’adapter à la crise sanitaire actuelle en créant notamment un jeu d’escape game virtuel.
Il a accepté de nous répondre pour mieux comprendre son concept et ses projets.
Pouvez-vous nous présenter vos activités ?
Je suis ce qu’on appelle un multipotentiel ou un slasheur ( / = « le slash » est le nom de la barre de côté » graphiste / vidéaste / concepteur / prof de danse / organisateur d’événements /créateur de lieux à thèmes / écrivain… C’est à dire une personne polyvalente qui touche à plusieurs domaines et qui ne peut se définir dans une seule spécialité.
D’un côté, je suis Arnaud CORNET, gérant de ma société Rayon de lune (EURL), pour laquelle je propose des services en création publicitaire transversale, c’est à dire de la création d’une identité visuelle (logo, charte graphique, plaquette, mais aussi des vidéos d’entreprises, des clips musicaux, des petits sites internet, des animations évènementielles pour les particuliers et les professionnels, comme des cours de danse latine et des soirées (danseur de bachata, Kizomba et salsa depuis 16 ans), des jeux d’énigmes…
D’un autre côté, je suis Manikeo : auteur / écrivain / réalisateur / photographe / illustrateur / prof et DJ latino. Avant le confinement, je proposais la vision de mes films lors de projection, l’achat ou la lecture de mes livres lors de stands sur des marchés artisanaux ou de salons de livres, lors de séance de rencontre avec le public et mes cours de danse lors de soirées que j’organisais ou dans une association sportive ou MJC.
Quelles a été votre startégie d’adaptation à cette crise sanitaire ?
J’avais prévu de lancer un jeu nomade pour les campings, les gites, pour la saison 2020, sous forme d’un jeu collaboratif, de type Escape game, c’est à dire dont le principe est de résoudre des énigmes et déchiffrer des codes, pour trouver comment sortir d’une situation ou d’une salle dans laquelle, les joueurs sont « enfermés ».
Mais la crise sanitaire a remis en question ce projet. De plus, je ne pouvais plus donner de cours de danse (bachata). Je ne pouvais plus non plus tenir de stands. Alors, comme je travaille avec Internet depuis 20 ans (j’étais l’un des premiers créateurs de sites communautaires en 1998) et que je me suis installé dans un petit village, j’ai réfléchi à adapter mes projets et dématérialiser ce qui était possible.
J’ai créé une version numériques de mes deux livres à commander via Amazon, mes films à voir sur Internet, j’ai commencé à travailler sur une websérie en Stop-motion (technique d’animation image par image), je me suis formé au marketing digital, j’ai lancé une formation pour enseigner comment utiliser les « templates » afin de pouvoir faire sa promo tout seul lorsqu’on est solo-preneur ou petit artisan. Et puis, lorsque j’ai vu l’engouement de la visioconférence pour les gens qui organisaient des apéros virtuels, je me suis dit que c’était peut-être enfin le moment d’utiliser la visio pour jouer.
Comment l’idée de ce concept vous est venue ?
J’avais déjà inventé un jeu de ce type en 2004, après la lecture du Da Vinci Code, je voulais créer des codes à déchiffrer, des énigmes à résoudre… le projet était difficile à monter à ce moment-là et mon concept un peu trop gros pour commencer.
J’ai rencontré des créateurs de bowlings, de Kartings, de lieux originaux, des concepteurs de chez Disneyland Paris, des marketeurs du Parc Astérix, de LA tête dans les nuages qui étaient intéressés… Mais ca ne s’est pas fait. J’ai du le mettre en pause et lancer un projet plus simple à monter, une salle de relaxation High Tech avec une salle d’évasion sensorielle, dans le 12eme arrondissement de Paris. Puis, le temps est passé et les Escapes Games sont devenus à la mode en 2015. J’ai ensuite travaillé pour la communication de 3 enseignes en région parisienne dès 2016. Je voulais ouvrir mon propre concept, mais j’étais sur un projet de cinéma à ce moment-là « Contretemps à Paris » une fiction, comédie romantique, qui se déroule dans l’univers des danses latines et qui a pris 5 ans de ma vie. C’est en 2018 que j’ai développé un scénario original de jeu, pour un restaurant toulousain, ce qui m’a donné l’envie de décliner de nouveaux scénarii. Entre temps, j’ai édité et lancé mon second livre « Ataraxia, la quête des médiateurs », que je retravaillais et recommençais depuis 20 ans. C’est à la fin du premier confinement que j’ai développé l’idée de la visio, pour jouer avec des personnes qui ne sont pas à côté géographiquement, comme avec ma soeur ou des amis qui sont en région parisienne, par exemple. Il m’a fallu 3 mois pour réadapter mon jeu existant, racheter du matériel audiovisuel pour gérer du multicaméra et faire tout l’installation technique, créer un décor dans mon garage, inventer des nouvelles énigmes, faire des tests, réfléchir et lancer l’offre commerciale, créer et activer la communication…
j’ai été sélectionné par la plateforme Airbnb (après deux mois de sélection) pour être partenaire dans le cadre de leurs nouveaux services : « Expériences en ligne ». Je suis déjà entrain de développer la V2 de mon jeu, j’ai pris en considération les premières réactions du public et j’adapte en conséquence.
A qui s’adresse votre jeu ?
Pour toutes les personnes (à partir de 12ans accompagné d’un adulte) qui aiment jouer aux jeux d’énigmes, qui aiment déchiffrer les codes, qui aiment les labyrinthes, qui apprécient les jeux immersifs, où il y a un univers fort et un scénario. Il faut néanmoins avoir une connexion Internet convenable et un ordinateur ou une tablette pour interagir (un ordinateur est recommandé). Il y a un compte à rebours, il faut pouvoir gérer la petite pression du temps qui s’égraine. En général, ce type de jeu s’adresse à des groupes d’amis de 25 à 50 ans, des familles, des collègues de travail, pour du team building, mais c’est ouvert à tout le monde qui aime jouer.
Comment faire concrètement pour participer à ce jeu ?
Il suffit de réserver son créneau horaire et sa place avec son groupe de joueurs (de 4 à 6 joueurs) à partir de mon site Internet (16€ par personne). Il faut sélectionner un créneau encore disponible dans le calendrier proposé. Un lien pour accéder à la salle virtuel de visioconférence, de la plateforme Zoom vous est envoyé par e-mail, avec la confirmation de votre réservation. Lien qu’il faudra activer en cliquant dessus le jour « J » quelques minutes avant l’heure de RDV. (Penser à télécharger Zoom, si vous ne l’avez pas encore). Le jour « J », munissez-vous d’un papier et d’un crayon, en plus de votre ordinateur et de votre webcam, pour prendre des notes.
Apres le confinement est ce qu’il sera possible de continuer à y jouer ?
Oui bien-sûr ! C’est une nouvelle manière de jouer, c’est une alternative aux solutions existantes, mais c’est également l’opportunité de jouer avec des personnes qui vous sont proches, mais qui sont loin géographiquement. J’ai installé mon jeu chez moi, pour être le plus autonome possible et j’adore jouer et faire jouer via la visio, c’est très amusant, je trouve.
L’imagination, l’anticipation et le renouveau, ne sont-ils pas les clés pour ce sortir de cette période particulière ?
Oui, plusieurs trains (symboliques) partent actuellement et proposent d’emmener des voyageurs explorer de nouveaux métiers, de nouvelles adaptations à des métiers changeants. L’adaptation a toujours été la clef de la survie de l’humanité et j’espère que nous serons nombreux à pouvoir prendre le train et ne pas rester sur le quai et subir trop fortement la crise économique et sociale qui grandit et qui inquiète. Trouver du lien social et interagir avec l’autre voire jouer, grâce à la visioconférence est une innovation qui peut nous rapprocher dans ces temps où l’éloignement est de rigueur.
Que retenez-vous de cette crise sanitaire ?
La crise a montré les limites de nos certitudes actuelles quant à la gestion de nos routines de vie. Le changement est possible, de nouvelles manières de faire se mettent en place. J’espère que cela nous permettra de mettre en action de nouvelles habitudes également quant à notre gestion du dérèglement climatique et de la perte de la biodiversité. C’est un sujet qui me touche et pour lequel j’avais réalisé un documentaire en arrivant dans l’Aude : « L’écho citoyen » qui donne la parole aux acteurs locaux de la protection de la nature et apporte les solutions locales entre Narbonne plage et Carcassonne. Il a été noté que la nature s’est mieux portée lorsque l’on était confiné…