Dans le Cabardès, des livres au fond du terroir

access_time Publié le 25/10/2021.

Au pied de la Montagne Noire, il existe une maison d’éditions atypique et accrochée à son terroir : les éditions du Cabardès. Patrimoine, thématique historique, essais, romans, littérature jeunesse, jeux traditionnels. Le panel est large et fleure bon la passion pour les livres et la littérature comme l’explique leur directrice Monique Subra. Un maître-mot : le plaisir.

Quel était votre parcours avant de vous lancer dans cette étonnante aventure ?

Je viens de l’éducation nationale. C’est dire la passion de la transmission qui m’anime depuis très longtemps. Au sein de l’Éducation Nationale, j’ai été aussi formatrice pour enseignants dans le domaine des arts plastiques et globalement des arts visuels.

Également autrice en pédagogie des domaines artistiques dans une maison d’édition toulousaine pour une douzaine d’ouvrages. Et à un moment donné, l’envie de bifurquer vers le monde de l’édition et d’être maitre d’oeuvre pour diriger une ligne éditoriale.

Pourquoi avoir créé les éditions du Cabardès et pourquoi avoir cette implantation géographique ?

Il y avait derrière l’envie de créer une maison d’édition, le souhait de construire une logique éditoriale. Avec une sensibilité et un rapport au monde proches de ce que je suis, de ce à quoi je crois.

Je désirais aussi mettre en valeur le territoire sur lequel je vis, lui donner de la lumière, essayer de renouveler la manière d’en parler que je trouvais trop tournée vers le passé. Ce territoire a une identité forte et l’inscrire dans la vie d’aujourd’hui me paraissait être un travail intéressant.

Ça m’a intéressée d’afficher le nom du Cabardès, comme si ce devait être un étendard. Lorsqu’aujourd’hui encore on me pose des questions sur ce nom, je cite la Montagne Noire et la fierté d’y être installés.

Parler du Cabardès dans l’appellation de la maison d’édition c’est parler de vérité, d’authenticité, de caractère. C’est une belle bannière. C’est être ancré loin de la capitale et non seulement de l’assumer mais d’en faire une force.

« L’illustration pour distordre le réel »

En quoi votre catalogue se distingue-t-il ?

Il y a plusieurs thématiques qui se sont construites au fil des années. Ces thématiques sont déclinées en livres et jeux, adultes et jeunesse. Tous de fabrication française. La caractéristique c’est justement de ne pas être centré sur une seule catégorie de lecteurs mais d’embrasser tous les âges en restant focalisé sur des sujets précis.

Le catalogue est classé suivant ces thèmes : époque médiévale, époque antique, canal du midi, territoire d’Occitanie. Certaines collections naviguent entre les différentes thématiques. Les sujets transversaux comme le Moyen Age et l’Antiquité permettent en outre une diffusion nationale et vers les pays francophones.

Vous faites une large place à l’illustration…

Oui, mon histoire fait que le visuel m’a toujours paru important. Le visuel qui vient compléter le texte, apporter au sujet un autre niveau d’information, une autre manière de l’aborder.

Et l’illustration plus que la photo. Elle donne tellement de libertés. Rien de tel pour montrer et raconter que l’illustration ; elle permet de distordre le réel, de varier les points de vue, de jouer avec les couleurs, les rapports de taille…

À qui s’adressent vos productions ?

Nous visons les publics familiaux. Il y a aussi des livres destinés particulièrement à la jeunesse et une part concerne les adultes. L’ensemble se tourne vers le public touristique.

C’est pourquoi les livres que nous publions sont particulièrement présents dans les libraires de musées. Certains sont d’ailleurs traduits dans les principales langues européennes pour les publics étrangers.

« L’humain au coeur de notre travail »

Combien d’auteurs avez-vous dans votre catalogue ? La plupart sont-ils régionaux ?

Oui, la plupart sont régionaux. C’est une volonté dès le départ de mettre l’humain au coeur de notre travail. Car qui dit auteurs régionaux, dit travail de concert, rencontres physiques, réunions, échanges. Les livres sont élaborés de manière collégiale. Les acteurs de la conception et de la fabrication se retrouvent autour du livre pour le penser ensemble.

Une douzaine d’auteurs, comprenant les écrivains et les illustrateurs travaillent régulièrement pour les éditions du Cabardès. Ils sont sollicités en fonction des projets, de leurs spécificités, des domaines, de la typologie du livre, fiction ou documentaire…

Comment peut-on être édité par vos soins ?

La construction d’un catalogue se fait avec une grande rigueur. La clarté, la lisibilité de ce catalogue, sont essentielles pour se distinguer dans la grande famille des éditeurs.

Pour entrer au catalogue, comme dans toute maison d’édition il faut correspondre à ce qu’on nomme la ligne éditoriale. Donc proposer un manuscrit qui s’inscrive dans les thématiques citées plus haut. Quinze ans d’existence.

A quoi devez-vous cette longévité dans un secteur de haute concurrence ?

A plusieurs choses. En premier lieu la patience. Construire le catalogue livre après livre en ne perdant pas de vue l’objectif fixé : la logique d’ensemble. Curieusement l’éditeur ne publie pas tout ce qui lui plait ; il publie ce qui correspond au propos de sa maison d’édition.

Il faut donc être vigilant et ne pas se laisser tenter par des livres qui n’ont pas leur place dans la ligne éditoriale. Le succès c’est en grand partie la rigueur et la clarté du catalogue.

L’autre point est que, outre les librairies, notre modèle repose en grande partie sur une forte présence en musées qui assurent une régularité sur le plan économique.

« Se mettre à la place du lecteur »

Quels sont les ouvrages en vogue actuellement pour les petits et les grands ?

Dans les dernières publications, et pour les adultes, il y a le très beau roman choral de Michèle Teysseyre, « Rouge-Marbre » qui parle du début de l’exploitation du marbre à Caunes-Minervois au XVème siècle. Il y a aussi le livre écrit et illustré par Nathalie Louveau « Aude. Carnet de voyage ».

C’est notre succès éditorial de l’année. Et puis deux romans jeunesse qui ont très vite rencontré leur public ce qui est formidable : « Anna Prisonnière de la peste » de Brigitte Coppin et « Mystère sur le Canal du midi » de Anne-Marie Desplat-Duc.

Toutes les deux sont des autrices reconnues dans le monde de la littérature jeunesse et nous sommes fiers qu’elles aient choisi les éditions du Cabardès pour être publiées.

Si vous aviez une philosophie en tant qu’éditrice, laquelle serait-elle? Se mettre à la place du lecteur. Quel livre aurais-je envie de lire ? Sur quel sujet ? Comment l’aborder ?

Conserver le plaisir de lire est primordial, et au-delà, le plaisir d’avoir l’objet livre en main, de circuler dans les pages, de digresser, d’aller vers des illustrations, de revenir au texte…

Le plaisir est pour moi le mettre mot de l’éditeur. S’il éprouve du plaisir à concevoir, en se mettant à la place du lecteur, le plaisir sera dans le livre.

Comment se porte le monde de l’édition à votre échelle ?

Que dire… Bien sûr on ne peut occulter la période difficile que nous traversons depuis deux ans. Le monde du livre a été touché. Celui du tourisme aussi. Nous qui mettons ces deux secteurs en lien avons été particulièrement et douloureusement concernés.

Aujourd’hui, avec une gestion saine et attentive, nous sommes revenus à un fonctionnement normal, ce qui est un grand soulagement. Donc, je dirais que le monde de l’édition à notre échelle s’est redressé.

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