Louiza Bourezak, directrice ludothécaire, nous parle de Lulude, la ludothèque itinérante, basée à Cruscades, qui arpente les grandes et petites routes de l’Aude. Pour le plaisir des grands et évidemment des petits.
Comment est née Lulude ?
Cette ludothèque , dont le siège social est à Cruscades, a été créée par Anne Jacopé et Karine Valéro le 8 mars 2005.
A qui s’adresse-t-elle ?
C’est une ludothèque itinérante associative qui s’adresse à tous les publics, quel que soit leur âge, sexe, critères physique, culturel, social ou psychologique.
Comment vit l’association ?
De subventions pour certaines actions financées par la Communauté de Communes de la Région Lézignanaise Corbières et Minervois dans le cadre du CEJ, par le département et la MSA dans le cadre du Réseau d’Ecoute d’Appui et d’Accompagnement à la Parentalité (REAAP). Pour l’ensemble de son fonctionnement nous avons un soutien financier indispensable de la part de la CAF, du FONJEP, et du Fond de Développement de la Vie Associative. L’association doit compléter par des fonds propres générés par des prestations de services.
«Le partage est essentiel et vital»
Que propose-t-elle ?
Avant tout du jeu libre, gratuit, fictif, réglé et incertain. Nous proposons des espaces de ludothèque qui sont éphémères du fait de notre itinérance.
Etant donné que nous sommes tout public, nous pouvons aussi adapter ces espaces à des situations particulières, des publics spécifiques. Nous proposons également de la fabrication de jeu et jouet, du jeu de rôle, des murder parties et nous souhaitons proposer dans un futur proche des pratiques de jeu émergentes telles que le jeu vidéo et les escapes games mais toujours en itinérance car amener le jeu vers le public, notamment en milieu rural reste important à l’association.
Ce projet nous tient à coeur. En tant que spécialiste du jeu, nous pouvons également proposer de la formations autour de celui-ci.
La notion de partage vous semble-t-elle en danger ?
Non, pas du tout. Pas un instant, et ce n’est pas parce que je vis dans un monde édulcoré… Il me semble que le partage est essentiel et vital pour la survie ne serait ce que mentale de l’individu. Le confinement nous en a fait prendre conscience, en tous cas pour un nombre très important de personnes avec qui j’ai pu communiquer depuis. Il suffit également de s’intéresser aux chiffres de personnes hospitalisées ou décédées suite à la rupture sociale pour comprendre que l’humain a besoin de l’humain.
La Covid n’est-elle, malheureusement, pas un frein ?
Le partage ne signifie pas une mise en danger, nous ne sommes pas obligés de partager des virus. Nous pouvons toujours partager des temps communs, des idées, des jeux, des rires, des moments précieux et uniques. Tout ce qu’il faut c’est simplement s’adapter. Et l’humain a souvent démontré cette capacité d’adaptation. Nous pouvons toujours partager des temps de jeux en toute sécurité dans le respect des gestes de protection. C’est ce que nous proposons dans notre ludothèque.
«On apprend de soi»
Quelles sont les vertus du jeu et des jeux ?
Les vertus du jeux sont innombrables.Bien que ce ne soit pas le but premier de ce qu’on propose mais qui arrive par sérendipité, il y a toute une liste d’effets induits par le jeu.
Que ce soit en terme de développement, de socialisation, d’apprentissage, d’effets thérapeutiques du jeu. Le sujet est tellement vaste qu’il a fait l’objet d’une université d’été de ludothécaires qui a duré 3 jours à Parthenay à laquelle j’ai participé (et que j’ai d’ailleurs co-organisée). Je vous joins les actes de cette université d’été. Quand on joue, et qu’on y prend plaisir, alors il va pouvoir se créer d’autres choses. Je veux vraiment faire la différence entre le jeu outil et le jeu qu’on trouve en ludothèque. Nous mettons à disposition des espaces et des jeux afin d’inviter les gens à prendre un moment pour jouer.
Un instant pour eux, une sorte de bulle. Pendant ce moment rien n’est attendu. Ils n’ont pas une obligation de résultat ou de développement ou même d’apprentissage.
C’est un moment de pure joie, un instant de plaisir, de partage, de découverte ou de retrouvailles.
Effectivement, ce lâcher prise va permettre des temps de partage, ou va malgré tout apprendre, apprendre du jeu, de soi, des autres.
C’est un peu comme regarder des films en VO ou écouter de la musique en VO et, sans s’en apercevoir, on progresse dans l’apprentissage d’une langue étrangère, et pourtant ce n’était pas le but recherché. Ce qui est différent avec le fait de s’imposer de faire ces mêmes choses dans le but d’apprendre une langue étrangère.
Comment la ludothèque choisit-elle son itinérance ?
Sur le département nous sommes deux ludothèques à proposer la même chose. Il s’agit de Lud’Aude basée à Couiza. Nous nous partageons donc le département. Nous allons également sur une partie de l’Hérault. En fait, nous allons là où il n’y a pas de ludothèque qui pourrait proposer ce qui est attendu, dans un rayon de maximum 1h30 de route du siège social.
Le plus souvent, et même pratiquement chaque fois, nous sommes sollicité pour venir. Nous regardons alors où se situe la commune concernée par la demande, s’il y a une ludothèque qui va sur ce secteur nous les mettons en lien.
«Des rires et des sourires»
Quel est l’accueil qui est réservé à Lulude ?
Que ce soit par les prescripteurs (les organisateurs, ceux qui nous demande de venir) ou que ce soit par le public, l’accueil est toujours très très bon. Il est rare que ce ne soit pas le cas. Les gens sont contents de jouer, de se détendre, il y a toujours des rires et des sourires qui dessinent les visages des joueurs (et ça se voit même à travers le masque, ahahah). Et du coup, tout le monde est satisfait, les organisateurs de l’événement, les joueurs, nous (ça compte aussi). Nous commençons à être connu et reconnu.
La ludothèque est présente sur le territoire et donne à jouer depuis 15 ans!
Qu’entendez-vous par éducation populaire ?
Effectivement, Ludule est une association d’éducation populaire. Je vais essayer de simplifier. En gros je dirais que c’est par tous pour tous. C’est ce qu’on essaie de faire à Ludule. Cela fait partie de nos valeurs, de notre vision des choses.
Nous voulons tout d’abord ouvrir le jeu à un maximum de personnes, voilà pourquoi nous nous déplaçons et que nous nous adaptons à tous les publics. Nous sommes là dans de l’accompagnement de la découverte des jeu et jouets, nous transmettons afin que les personnes puissent transmettre également.
Nous partageons nos connaissance et cherchons à éveiller les gens à cette culture ludique, pour qu’ils puissent le faire à leur tour s’ils en ont envie. Nous accueillons toute propositions ou envie d’animer un temps de jeu ou autre. Les bénévoles sont bienvenu et nous pouvons organiser des formations s’ils le désirent.
Contact : 06 70 68 90 84