Prévue en mars, la tournée du Grand Bleu va finalement parcourir les salles obscures de France en novembre et décembre. Le compositeur Eric Serra y rejouera la célèbre bande originale du film qui l’a fait connaître, lui le gamin épris de liberté dans les vignes des Corbières.
La Covid-19 et le confinement sont passés par là. Programmée en mars, La tournée du Grand Bleu prendra la route en novembre et décembre. Avec ses musiciens, Eric Serra rejouera à l’identique – sons d’origine en prime – la partition de la BOF du film sorti en 1988. «Le film et la musique sont tellement cultes que ce serait dénaturer les choses que de faire différemment», confiait récemment à «Midi Libre Ma Région, mes envies». La musique du film a été rejouée en direct par Éric Serra entouré de six musiciens lors d’un ciné-concert à la Seine musicale le 11 mai 2018 et le 2 juin 2018, à l’occasion de l’anniversaire des 30 ans de la première présentation du film. Elle a valu à son auteur un César et une Victoire de la Musique.
«J’étais totalement libre»
L’album est certifié disque d’or, platine et diamant dans plusieurs pays. Son immense succès doit peut-être au choix du réalisateur Luc Besson d’abandonner son projet de bande sonore à la Indiana Jones. Six mois avant la dead-line, il a demandé à son compositeur de revoir sa copie. On connaît désormais le résultat qui a sublimé les prestations de Jean-Marc Barr, Jean Reno et Rosana Arquette.
Eric Serra a peut-être puisé sa musique dans la quête de liberté et de nature qui fut la sienne durant son enfance.
Filleul de Jacques Brel, fils de chansonnier, s’imaginait-il suivre une voie presque identique ? Très tôt, elle l’a plutôt mené dans des chemins de vignes et de campagne. Comme il l’aime à le rappeler. Dans un article pour Gala, par exemple. «J’ai déménagé à l’âge de 5 ans dans le sud de la France entre Narbonne et Perpignan, dans un petit village qui s’appelle Roquefort-des-Corbières. Ma mère était très malade. Les médecins nous avaient conseillé de quitter Paris. Mon père a tout largué pour acheter un restaurant dans une vieille bergerie à deux kilomètres du premier voisin, en pleine nature. J’étais totalement libre.
C’est surtout ça qui a marqué mon enfance.»
«Si je peux aider avec ma musique»
Le gamin Eric Serra s’inventait des histoires d’aventurier en se fabriquant un arc improvisé avec des baleines de parapluie et un câble de vélo à l’épaule. Il était prêt à chasser l’anguille dans la rivière.
Mais pas seul. «Mon meilleur ami, c’était mon chien, Nutton. J’ai compris seulement vers l’âge de 14 ans que nous n’étions pas de la même race. J’avais la chance d’être bon à l’école, surtout en maths. Dès que je rentrais, je jetais mon cartable et on allait se balader, au milieu des vignes. J’avais construit un radeau pour naviguer sur une rivière proche et on partait tous les deux à l’aventure.
C’était Greystoke ! J’en ai gardé de merveilleux souvenirs.»
Eric Serra a quitté la nature sauvage des Corbières pour la capitale à l’âge de 15 ans.
Mais il n’a pas oublié ce que les alentours de Roquefort lui ont apporté pendant ces années d’insouciance. Il voit à regret l’homme mettre la terre en grand danger et il fait un vœu : «Si je peux aider avec ma musique à une espèce de prise de conscience…»