Pour le Groupe d’étude et de protection des chiroptères de l’Aude, dont le projet est proposé au vote des Audois, le calcul est vite fait : plus de chauves-souris = moins de pesticides.
Ou comment protéger les cultures de façon totalement naturelle. Questions – réponses.
Le projet «chauves-souris» part de quel constat ?
Notre département fait face à de nombreuses attaques d’insectes ravageurs qui menacent nos cultures (Eudémis de la vigne, Carpocapse du pommier, …), nos forêts (Pyrales du buis, Processionnaires du pin, …) et même notre santé. On pense par exemple à la prolifération du moustique tigre.
Comment les combattre sans utiliser des produits nefastes pour les cultures et la santé ?
L’objectif de ce projet est d’étudier, protéger et développer les populations de chauves-souris car celles-ci sont des «insecticides» naturels très efficaces.
Justement, comment évaluer cette efficacité ?
La petite Pipistrelle, que nous avons tous déjà rencontrée volant autour des lampadaires ou dans notre jardin les soirs d’été, peut engloutir près de 30% de son propre poids en insectes en une soirée. Imaginez-vous, une personne de 60 kg par exemple, qui devrait manger 20 kg d’aliments par jour.
Autre exemple : unne colonie de cinq cents Grands Murins – autre espèce présente chez nous – ingurgite quant à elle une tonne d’insectes en une saison…
Elles ont besoin de plusieurs gîtes
Ces mammifères sont pourtant en danger…
Les vingt-sept espèces de chauves-souris de l’Aude sont toutes protégées au niveau national et international car toutes menacées. Parmi les menaces : la modification ou la disparition de leurs habitats (gîtes et zones de chasse). Il est donc urgent et nécessaire de les protéger et de fournir le gîte et le couvert à ces mammifères en créant un réseau de nichoirs de différents types adapté aux espèces et de refuges naturels.
Leur mode de vie est-il particulier ?
Il faut savoir que les chauves-souris ont besoin de plusieurs gîtes par an aux caractéristiques bien différentes selon la saison. Le gîte doit être frais, humide et tranquille pour hiberner. Au contraire, les nurseries doivent être chaudes et sèches pour permettre aux bébés de bien se développer. Ces crèches regroupent plusieurs mères chacune accompagnée de leur unique petit de l’année.
Un petit à l’espérance de vie aléatoire…
Les chances de survie de ces jeunes étant déjà bien faibles (35% en moyenne passent le cap de la 2ème année), il est de plus en plus difficile pour les futures mamans de trouver des lieux adaptés où mettre bas et, pour l’ensemble des chauves-souris, des gîtes où hiberner. Surtout que certaines chauves-souris sont fissuricoles et se contentent d’espaces restreints. Mais d’autres, ont besoin de grands volumes comme les combles de bâtiments, les grottes…
Une participation des Audois
L’habitat est-il le point central de votre projet ?
Le projet vise choisir plusieurs sites (bâti, mines…) d’intérêt pour les chauves-souris répartis dans les quatre coins du département, de les étudier à l’aide d’un matériel adapté (détecteur d’ultrasons, enregistreurs de température et d’hygrométrie, caméras infrarouge dont les images pourront être visionnées par le grand public…), de les aménager et de les protéger avec un équipement adéquat. Des panneaux de sensibilisation pourraient également être mis en place sur certains sites.
Qu’est-ce qu’un «jardin idéal» ?
Pour compléter ces gîtes, un «jardin idéal»pourrait être réalisé avec la création d’une mare, d’une plantation de plantes nectarifères et l’installation de nichoirs à chauves-souris. Il pourra servir de lieu d’animation, être intégré à l’opération «refuge pour les chauves-souris» de la Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères, mais surtout servir d’exemple pour les Audois(es) qui pourraient tous participer à nourrir et loger ces petits animaux exceptionnels en favorisant chez eux les fleurs mellifères dans leur jardin ou sur le rebord de la fenêtre et en installant des nichoirs à chauves-souris.
Un message de sensibilisation à faire passer ?
En favorisant et en protégeant les chauves-souris, nous aurons moins besoin de pesticides, les cultures et les forêts seront mieux protégées naturellement et nous favoriserons également d’autres animaux : insectes pollinisateurs, oiseaux… et l’Homme.
- Pour voter et prendre connaissance des nombreux projets :
http://jeparticipe.aude.fr